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La conférence de mi mars 2019 portait sur l'histoire du logement social et les utopies, présentées par Madame Marianne Pillot, juriste et présidente de AMILOI .

 

L'histoire du logement social est née à la fin du 18ème siècle. Elle a accompagné, au 19ème siècle le développement de l'industrie.

 

Au moyen âge les corporations, qui régissaient le fonctionnement de chaque profession, étaient très structurées et bien organisées. Par exemple, par solidarité, dans chaque groupe on rassemblait des dons et des cotisations dans des sabots (et il est arrivé que ce sabot soit volé, ce qui a donné naissance aux mots saboter, sabotage).  La révolution a totalement modifié l'organisation économique du pays. Avec notamment le décret d'Allarde (1791) qui vise à promouvoir la liberté de profession et de commerce, puis la loi Le Chapelier, qui supprime la liberté d'association professionnelle, notamment les confréries ouvrières charitables, et interdit la formation de syndicats et d'organisations professionnelles.

 

C'est en 1848, avec la 2ème République et le développement d'entreprises industrielles que la question du logement devient un sujet. Des patrons paternalistes et des philanthropes se soucient de créer des logements pour les ouvriers.

 

Dans les cités ouvrières, outre le logement, les patrons mettent en place des avantages sociaux: loyer peu élevé, fourniture de charbon, jardin potager, des mutuelles, médecin, médicaments, écoles, bibliothèques, une caisse d'épargne, une retraite...

 

En 1850 le gouvernement publie la 1ère loi pour lutter contre le logement insalubre. Les premiers logements sociaux sont les HBM (Habitations Bon Marché). 4 lois sont à l'origine du logement social tel que nous le connaissons aujourd'hui :

  • 1894 la loi Siegfried, qui crée les organismes HBM
  • 1906 la loi Strauss, qui organise leur financement
  • 1908 la loi Ribot sur les jardins ouvriers (théorie du petit coin de terre)
  • 1912 la loi Bonnevay (crée des offices HBM financés par les municipalités)

Les HLM datent de 1950. Et c'est en 1954, par un hiver glacial que l'Abbé Pierre lance son appel resté dans toutes les mémoires.

 

Tout au long de la conférence, Madame Pillot a illustré son propos par de nombreux exemples, et images de divers types de logement social  :

  • En Saône et Loire, Le Creusot : Les Forges, mines et Fonderies du Creusot, cité ouvrière, en 1926
  • A Clermont Ferrand : Michelin 8000 maisons réalisées entre 1909 et 1980
  • A Mulhouse : la société DMC (le fil à coudre) et sa Cité Dolfus 1240 maisons, 1854
  • En Seine et Marne, à Noisiel : la Cité Menier (le chocolat) où le travail de nuit était interdit pour les femmes, 1816
  • En Ardèche, Le Teil : Cité Lafarge,
    dite Cité Blanche, construite en 1880
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  • A Thaon les Vosges, Entreprise textile Boussac, la cité Boussac, (le logement sur place facilite le travail de nuit, en 3/8)
  • A Lyon, la cité Tony Garnier
  • A Suresnes, les Cités jardins, Henri Sellier
  • Dans le Doubs, à Arc-et-Senans, le projet de Cité idéale de l'architecte Henri Ledoux couplé à la Saline Royale
  • A Paris, Porte de Choisy les immeubles en brique rouge, de 1930
  • A Paris , la ceinture rose a été construite dans les années 30, sur des anciens terrains des fortifications qui entouraient Paris, soit une bande de 35 km de long sur 400m de large. Avec en contrebas, les jardins ouvriers
  • A Fontenay-sous-Bois, les logements sociaux et leurs équipements sportifs
  • A Sarcelles, les barres d'immeubles des ZUP
  • A Paris, dans le 11ème arrondissement, Le Palais de la femme (Mme Lebaudy)
  • De la création de la cité idéale à l'utopie, il n'y a qu'un pas. Parmi les grands utopistes, Madame Pillot nous parle de Charles Owen et sa cité idéale, et de l'échec, aux Etats-Unis de son projet New Harmony. Et aussi de Charles Fourier et son phalanstère, qui est un ensemble de bâtiments à usage communautaire dans un domaine avec des jardins cultivés.

    A Guise, dans l'Aisne, Jean-Baptiste Godin, jeune entrepreneur, député et conseiller général crée en 1859 son Palais Social: le familistère. Un lieu pour les familles, qui allie confort, avantages sociaux, éducation des enfants et même participation aux bénéfices.

     

    Force est de constater qu'aucune de ces utopies n'a survécu au-delà des années 60. Si, pour les utopistes, le mot utopie signifiait «plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun», selon son étymologie grecque une utopie est un lieu qui n'existe pas, et c'est bien ce qu'il en est advenu finalement.

     

    On ne peut aujourd'hui que faire le constat amer des lacunes de tous les projets et toutes les politiques de logement social : de tous temps, la France n'a jamais disposé de suffisamment de logements sociaux pour répondre aux besoins. A ce jour on compte environ 5 millions de logements sociaux, gérés par 500 sociétés de HLM. Mais il faudrait en construire 500 000 par an, pendant 5 ans pour satisfaire la demande.

     

    La conférence s'est terminée sur un débat entre les participants et la conférencière.

    Françoise Coste-Luc

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