Conférence "Le retour du loup en Ardèche"
L’Université Populaire du Vivarais a organisé mercredi 13 novembre au Centre Multimédia une conférence animée par Albert Roche, auteur et spécialiste de l’histoire des campagnes, sur le retour du loup en Ardèche.
Dans une salle plus que comble et devant un public très attentif et réactif, s’appuyant sur des données historiques et des documents tirés de l’actualité, le conférencier a présenté un diaporama expliquant pourquoi et comment le loup est revenu en Ardèche.
En 2006, un cliché nocturne réalisé à Cellier-du-Luc a prouvé sa présence dans le département et on sait maintenant qu’il va s’y installer durablement…
Cet animal mythique avait totalement disparu de l’Ardèche vers 1930, le dernier loup fut abattu par Albert Argaud en 1922 dans le Bois de la Chaise au Cheylard et il dut attendre une année avant de percevoir sa prime, l’équivalent actuel de 2 000 Euros.
Dans les années 1700, le loup était très présent dans toute la France.
Entre 1764 et 1767, 115 enfants furent victimes d’attaques dans la région du Gévaudan par la fameuse «Bête» du même nom. La chasse au loup était lancée et ce fut une hécatombe avec 6 000 bêtes abattus par an et autant de primes distribuées.
Au moment de la Révolution Française, on dénombrait environ 20 000 loups dans le pays.
Les meutes se sont raréfiées jusqu’au début du XXème siècle pour finalement disparaître dans leur totalité du territoire national.
Par la suite et du fait de sa rareté, le loup est ainsi devenu une espèce protégée par la Convention de Berne en 1979.
Il a fallu attendre 1992 pour constater le retour du loup en France dans le parc de Mercantour.
En provenance d’Italie, l’animal est arrivé de manière tout à fait naturelle sans besoin d’être déplacé. On dénombrait alors dans ce pays environ 2 000 loups qui avaient une forte symbolique dans la culture latine.
A l’heure actuelle, 18 000 loups sont disséminés en Europe dont 500 en France.
Sa présence fait désormais polémique. L’animal soulève l’hostilité des éleveurs à cause des dégâts provoqués dans les troupeaux.
En 2018, 12 000 brebis ont été tuées, surtout dans les Alpes.
En 2007, 16 brebis ont été égorgées en Ardèche à Lesperon et 27 à la ferme de Dizonanche à Sainte-Eulalie par 3 attaques successives, peut-être dues aussi à des chiens en divagation.
Le moyen le plus efficace de se protéger de ces attaques est sans aucun doute la présence dans le troupeau du chien de berger d’Anatolie (le kangal) ou le fameux patou.
Un arrêté préfectoral de 2019 contre la prédation du loup prévoit aussi des aides pour l’acquisition de filets électrifiés et de chiens de protection.
Le plan Loup, quant à lui, a fixé aussi un quota d’abattage de 19%, soit environ 100 loups, le tir légal étant par contre très encadré par l’Office National de la Faune Sauvage.
Par contre, pour les les défenseurs de la nature qui militent pour sa préservation, le loup est aussi un bienfaiteur de la biodiversité par sa régulation sur certaines espèces.
Le meilleur exemple se trouve aux Etats-Unis dans le parc de Yellowstone. La disparition du loup dans les années 1920 a provoqué une surpopulation de cervidés entrainant la destruction du milieu forestier.
La réintroduction de 14 loups en 1995 qui les ont fait fuir dans d’autres contrées a permis le rétablissement de la flore, la repousse de la prairie, la diminution de l’érosion des berges.
La réapparition de nombreuses espèces animales comme les oiseaux, les rapaces, les castors ou les poissons a largement bénéficié du retour de ce redoutable mais efficace prédateur.
Alors, à une moindre échelle, son retour en Ardèche est-il une bonne ou une mauvaise nouvelle?…
Alain Jammet