Y'a pas de miracle
Il y a longtemps qu’on sait que notre Association ne s’est pas trompée le jour où elle aconfié le volant de sa destinée à Alain Jammet. Voilà un homme qui sait conduire et bien se conduire, il en a donné la preuve en de multiples occasions. Ainsi quand il a fallu prendre le tournant entre UTL et UPV, ainsi aussi quand il a emmené ses ouailles en voyage organisé ou lorsqu’il a fallu parcourir les routes tourmentées en plein Coronavirus. Toujours en souplesse, sans à-coups, soucieux du confort de ses passagers, attaché à ne perdre personne en route : un véritable virtuose de la mécanique roulante collective. L’Alain Prost des circuits associatifs.
Longtemps on a cru avoir affaire à une sorte d’extraterrestre tenant ses qualités des Dieux, un ange né de la déesse Automobile et tombé du ciel, là, pile chez nous, pour notre plus grand bonheur. Longtemps on a cru que ses dons de conduite tenaient du surnaturel tant ils étaient ébouriffants. Et puis, on a découvert une photo d’enfance …
Et là, badaboum ! tout s’explique : y’a pas de miracle. Adieu le divin, le magique et le merveilleux, la réalité est bien moins emballante que ce qu’on croyait. En fait notre génie a eu tout simplement la chance d’être initié tout gamin à la conduite automobile. A quatre ans il poussait déjà ses premiers « vroum vroum » de la bouche pendant que les pieds, eux, poussaient sur les pédales. Nous, on n’avait rien su de cet apprentissage car il se fit loin d’ici, dans les plaines de Montmorillon, au cœur du Poitou,« pays du Chabichou et des filles jolies ».Loin donc de chez nous où les filles sont jolies aussi mais où les voitures à pédales ont moins de succès car, contrairement à là-bas, le relief n’est pas plat, du tout, du tout.
L’histoire de l’automobile nous apprend qu’il s’est vendu immensément plus de véhicules à pédales dans les plaines de l’Ouest que dans les montagnes d’Ardèche. C’estcomme ça que, malgré descapacités sans doute pas moindres, les autochtones vivarois ont plus de difficultés à maîtriser le volant que les Pictons (Poitevins) de naissance. Tout se joue avant six ans.
Presque encore bébé, Alain eut à peine le temps de casser la voiture héritée de son frère aîné qu’il se vit offrir immédiatement une automobile toute neuve pour terminer son apprentissage. Si on ose parler un peu vulgairement, on dira que si l’auto n’avait pas de pot, le gamin a eu, lui, le pot d’avoir des parents particulièrement soucieux de parfaire son éducation. En fait c’est beaucoup grâce à eux que, quelques décennies plus tard, notre association peut se réjouir d’être pilotée avec doigté, d’une façon quasiment artistique.
Sur la photo on peut observer que le véhicule est profilé pour bien fendre l’air et optimiser la vitesse en marche arrière, signe évident qu’il était destiné aux pilotes déjà bien aguerris dont à l’évidence faisait partie le personnage hors norme dont il est question ici. On remarquera que le véhicule n’étant pas équipé de phares, notre président n’a pas pu se former à la conduite de nuit et, comme par hasard, voilà qu’aujourd’hui jamais il ne propose à notre association des activités nocturnes. Décidément tout s’explique.
Notre chauffeur président a gardé son auto, elle est garée dans un grenier au Crestet. Chaque fois qu’il s’approche d’elle il ne peut s’empêcher de faire des vroum vroum, vroum vroum…Un réflexe qui remonte à l’enfance. C’est impressionnant, paraît-il. Plusieurs fois, poussé par une irrésistible envie de retrouver sa jeunesse, il a voulu refaire un petit tour avec son bolide : ce fut un échec à chaque fois. Malgré toute sa bonne volonté notre pilote n’est jamais parvenu à se rasseoir dans son auto devenue trop petite. Par deux fois il a failli, presque, y parvenir… et puis non. Quel dommage ! Une photo de notre président assis au volant de sa voiture à pédales : alors ça on voudrait bien la voir. Un jour, peut-être ?
Signé par le secrétaire de l’UPV (Université populaire du Vivarais), cet article aurait très bien pu l’être tout autant par (accrochez vos ceintures !) : la ou le secrétaire des DDEN (Délégués départementaux de l’Education Nationale), de la FOL 07 (Fédération des Œuvres Laïques de l’Ardèche), du CBVC (club Bon vivant du Crestet) car on n’est pas les seuls à avoir eu la sagesse de confier le volant à l’Alain Prost des circuits associatifs.
Décidément, ce n’est pas pour rien que, tout gamin, il a appris à conduire, le gars.