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Publié par unipopviv

 

Tout d’abord, qu’est ce que la Providence?

Force supérieure à l'œuvre, volonté de Dieu. Chance ou hasard ? Providence considérée comme divine ou naturelle.

Aussi, je commencerai par un proverbe persan : « Jouir des bienfaits de la providence, voilà la sagesse ; en faire jouir les autres, voilà la vertu».

Me voilà 7 ans en arrière, soit en 2013 pour prendre ma retraite.

Et mon premier projet est de rejoindre Compostelle, en partant de Lamastre, puis Le Puy en Velayen passant parRoncevaux, en suivant le Camino Francèsdans la partie espagnole, soit 1700 km. Je poursuivrai 120 km après Compostelle pour atteindreFisterraet Muxia.

Revenons à la Providence, ce n’est pas une baguette magique. Il faut se laisser porter, parfois dérouter…au moment où on ne s’y attend pas et lâcher prise. J’ai appris au fil de nombreux kilomètres à me laisser porter, mais avouons que ce n’est pas évident dans nos vies trépidantes !

Aire sur l’Adour, je perds mon sursac qui protégeait mon sac à dos lors de fortes pluies. Avec d’autres randonneurs nous marchons trois ou quatre jours et tout en discutant nous échangeons sur nos soucis ou joies du chemin. Je raconte avoir perdu mon sursac et une personne du groupe me montre l’objet en question, me demandant si c’était bien celui-ci. Oui, parfait. Il l’avait trouvé au bord d’un chemin quand il pleuvait sérieusement.

Un autre soir, un peu avant Navarrenx, aucun gite de libre. Une dame demande à sa sœur ayant une villa si elle ne pouvait pas accueillir quatre pèlerins ? Elle accepte. Nous marchons encore 2 km et nous nous retrouvons chez des retraités dans une belle villa. Mieux, ils nous donnent de belles tomates pour notre dîner et nous préparons notre repas dans leur cuisine. Le soir, ils nous laissent leur maison et partent tranquillement écouter un concert dans la ville voisine. Quelle confiance !

D’accord, nous sommes de « bons pèlerins ». Nos visages étaient-ils lumineux ? Le lendemain, nous partons de bonne heure, en fermant leur porte et laissant notre aumône dans un récipient de la cuisine. Merci à vous.

Après Cambarrat, nous n’avions pas de salade pour midi et ce jour là, nous passons devant un grand jardin. Une personne se trouve entrain de biner entre les raies de tomates. Nous lui vantons la beauté de son jardin et prolongeons notre discussion. Nous lui demandons s’il ne vendait pas de tomates et le voilà à nous offrir de belles tomates à chacun de nous deux avec des poivrons. Merci et nous lui assurons de notre prière à St Jacques.

Une autre anecdote qui m’a bien marqué. Peu avant la meseta, portion non négligeable du CaminoFrancès, au cœur d’un paysage quasi désertique. Même pas un bar! Je marchais seul depuis quelques jours et j’arrive à Boadilla de Los Condèsen fin d’après-midi. Je me dirige au dortoir où je pose mon sac à dos. J’entends plusieurs langues : l’espagnol, l’anglais, l’allemand, mais pas de français dans les parages ! Le soir, je m’a !chemine au réfectoire et m’assois au hasard à une grande tablée. J’écoute les uns et les autres et une dame commence à parler le français. Chouette ! Elle s’appelle Liliane. La discussion s’enchaîne assez rapidement et j’entends une autre personne de type coréen me dire ; « Vous êtes français ? » Oui. Et nous échangeons quelques propos ensemble.

Il me demande en quelle année je suis né ; 1953, Eh bien moi aussi. De quel mois ? de Juin, moi aussi ! Tu ne vas pas me dire que tu es né un 11 Juin ? Eh bien si. Dans ce cas, nous sommes nés exactement à la même date. Il sort son passeport et moi ma carte d’identité et effectivement les dates correspondaient. Là, nous tombons dans les bras l’un de l’autre et les gens autour de nous nous applaudissent. Le lendemain, par pur hasard, nous nous retrouvons à marcher tous les deux et continuerons pendant 8 jours.

J’apprends que Paul (son nom de baptême) habitait à Séoul, en Corée du Sudet son nom était CHUNG Kyung Soo. Il était Professeur dans une grande Université de Séoul. Paul était un homme très cultivé.

 

 

Nous chantons très souvent en marchant. Parlant bien le français qu’il avait étudié à Paris. Nous chantons Edith Piaf, Jean Ferrat... Il avait un avantage sur moi, il connaissait toutes les paroles... mais quel plaisir de marcher avec un tel pèlerin.

Allons sur un autre chemin ! Je décide un an plus tard de partir sur le Chemin du Mont St Michel, en démarrant de Thouars, au dessus de Parthenay, soit 400 km au Mont. Durant toute cette période, je marcherai seul. Un choix de ma part. J’arrive à Saulgé-l’Hôpital, en direction d’Angers, sous une pluie battante. Le capuchon de mon poncho rabatu sur les yeux. J’arrive dans un rond point au sein de ce pett village et une voiture s’arrête près de moi et me demandant où je vais ? Nous échangeons quelques mots et m’invite à venir déjeuner chez lui avec sa famille et de me diriger vers le portail bleu N°2. Là, je trouve une famille avec trois enfants. Arrive Stéphane, le chauffeur rencontré en ville et me demande de m’asseoir pour manger.

 

Des échanges vrais avec les uns et les autres ; sur mon Chemin, leur travail, leurs soucis. Je repartirai 2 heures après, ragaillardi après ce bon repas partagé. Encore merci chers amis.

Je ne m’étendrai pas sur d’autres parcours, comme la Traversée de la Baie du Mont Saint Michel l’année suivante. Huit kilomètres pour traverser la baie avec un guide, mais quelle expérience !

Pareillement pour avoir pu réaliser leGR20 entièrement, en Corse. Certes difficile mais comme nous tous Ardéchois, sommes déjà habitués à de bons dénivelés. Avez-vous vu des grands plateaux dans notre région ?

 

 

Un autre endroit m’a partculièrement enchanté lorsque j’ai réalisé un voyage dans le désert duMaroc, en Novembre 2019. AprèsOuarzazate, nous partons avec deux bus pour aller à Mhamid, peu après la Vallée du Draa. Je marcherai pendant huit jours au milieu des dunes de sable avec 26 personnes, dont deux guides et 8 autres personnes, cuisiniers et chameliers. Dix dromadaires porteront le matériel. Dormir à la belle étoile restera une expérience unique. Par contre, nous passons de 28 degrés dans la journée alors qu’au petit matin, le thermomètre affiche 3 ou 4 degrés. Merci à la Providence de m’avoir permis d’admirer les étoiles, seul au milieu des dunes... non loin du campement !

 

Avant de terminer, je ne peux m’empêcher de vous relater une autre belle rencontre, lors de mon voyage sur Assise, à 170 km deRome.

 

Cento Croci à Adelano. Ce Samedi 18 Août 2018 je pars seul et décide de grimper au Monte Gotero (1639m).

Je marche longuement dans une belle hêtraie, au Passo del Lupo.

(Lupo signife loup en italien pour ceux qui ne le savent pas) Ce jour là, je n’ai pas vu de loups ! Le soleil domine et je suis heureux de gambader. Plus loin, le sol devient plus aride et je ne vois plus aucun arbre, si ce n’est de belles montagnes. J’arrive au Monte Gotero et admire le paysage à 360°. Magnifque !

Plusieurs personnes se retrouvent au sommet, près de la plaque des Résistants (fusillés pendant la guerre). Je n’entends que des italiens et après avoir dit un « Buongiorno »...

Une personne prolonge la discussion et je comprends qu’il me demande où je vais avec mon sac à dos. Je parle en français et l’italien avec sa belle barbe blanche me répond en français. Il était avec son épouse et un ami. Nous prenons plusieurs photos. Il s’appelle Hugo, je lui dis donc que je vais à Assise, sur le Chemin de St François. Il me donne son adresse et me recommande de passer dans leur famille, près de Bologne. Promis, je vous téléphonerai...

 

Lorsque je termine mon pèlerinage à Assise, le 13 Septembre, je fais un petit détour en train, pour aller chez les amis rencontrés un mois auparavant.

Bologne, ville superbe. Hugo connait parfaitement cette agglomération et nous passons la journée à visiter beaucoup de musées, églises et autre lieux insolites. Il a une très grande culture musicale, historique et religieuse. Le soir, je suis invité à partager le dîner avec sa femme Angela, psychologue. Quelle rencontre ! Très bon repas et en plus je suis hébergé chez eux. Le lendemain, il m’emmènera à la gare et là nous ferons nos adieux. Merci mon Cher Hugo.

« Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito. »

Sans doute, mais c’est aussi en marchant que vous rechargerez vos batteries. C’est le changement qui fait sécréter les hormones du bien être. Tout est possible si vous désirez avec intensité ce qui vous correspond vraiment.

 

 

Je retiendrai encore une citation de Jean Giono:

 

" Si tu n'arrives pas à penser, marche. Si tu penses trop, marche. Si tu penses mal, marche encore."

 

En ces temps de COVID, où tout est compliqué pour se rencontrer, cette pandémie empêche toute relation humaine. Le besoin de contact physique est un besoin naturel. « L’homme est un être vivant sociable » disait Marc Aurèle.

Nous avons besoin de retrouver des liens, mais ne désespérons pas !

« Il n’y a qu’un chemin pour le bonheur, c’est de cesser de nous tracasser pour des choses qui ne dépendent pas de notre volonté. »

Aussi bon courage à vous tous et croyez à la Providence… et vous serez heureux !

Paul DELIMARD « Ardéchois Coeur Fidèle » Janvier 2021

 

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