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Publié par unipopviv

Un petit récit de souvenirs de vacances à l'odeur de foin, au goût du lait bourru tout juste tiré du pis de la vache, en se laissant enrichir par des souvenirs et savourer une tranche... de vie                                      

     Voyage en autocar en 1946  de Crest à Vernoux
pour les vacances chez mes grands-parents

 

Avec mes parents nous habitions dans la Drôme dans un petit village à 4 kms de Crest. C'est là que nous devions venir prendre l'autocar qui nous conduirait à Valence où nous aurions la correspondance pour Vernoux ; mais, n’ayant pas de voiture, nous partions  de la maison à 5h00 du matin pour un départ à 6h00.

Enfin nous voilà dans l'autocar pour Vernoux  mais pas souvent assis... A cette époque,  la plupart des gens n’avaient que les transports en commun pour se déplacer.

Par contre le reste du voyage n’allait pas être très confortable parce que notre véhicule fonctionnait au gaz de bois ! Celui-ci était obtenu en faisant brûler du bois dans une chaudière étanche ; en chauffant par-dessous, du gaz s'échappait et alimentait le moteur en passant dans un tuyau contenant  de l’eau pour qu'il soit purifié. Ce système s’appelait le « gazogène »

(Ouf,  je suis arrivée au bout de ma démonstration grâce à l’aide de mon technicien de mari) !

 

Avant d’arriver à l’Auberge du Pin, il fallait parfois s’arrêter pour ajouter de l’eau afin d'éviter une ébullition trop intense !

Souvent,  n’ayant pas de place assise, les adultes se retrouvaient debout dans l’allée. Ils gardaient l’équilibre en se cramponnant à une poignée en cuir accrochée au plafond ; quant à moi, trop petite , je restais dans les bras de mon père.  La chaleur, l’odeur du gaz brûlé, les ballottements à cause des nombreux virages  faisaient de méchants ravages dans mon estomac ... Je ne voyais pas le moment où nous arriverions Place de la Gare à Vernoux.

Pour en terminer avec ce voyage, il faut signaler qu’à cette époque la sécurité n’était pas une priorité . A cause du manque de places, 2 ou 3 jeunes hommes montaient souvent sur l’«Impériale » au milieu des valises  et on y accédait par une échelle installée à l’arrière de l'autocar.

Au terminus, à Vernoux, nous n’étions pas au bout de nos peines car nous avions encore plus d’une heure de marche pour arriver à la ferme de mes grands-parents.  Auparavant, nous allions dans un café manger un casse-croûte. Ensuite, tout le long de la route se trouvaient des fermes où vivaient des gens que mes parents connaissaient.                                            Alors un petit brin de causette par-ci, par-là et ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous pouvions poser nos valises et enfin débuter nos vacances !

Le lendemain matin j’avais déjà oublié mes petites misères de la veille car,  en retrouvant mes cousines, j’allais vite être intégrée aux travaux de la ferme . Avec l’une d’elle nous partions de bonne heure pour aller garder les vaches. C’était nouveau pour moi et j’étais très heureuse contrairement à mes autres cousines qui, elles, n’étaient pas toujours ravies.

 

 

Le soir nous allions ramasser des choux pour les faire cuire et préparer la chaudière
des cochons.

 

 

Auparavant  on coupait les feuilles, on les mettait ensuite dans une « chapeleuse »,  une sorte de machine  constituée d’un caisson en bois dans lequel elles étaient déposées. En les faisant avancer avec la main, on les amenait vers 2 lames montées sur une roue que l’on tournait rapidement afin de les trancher.

 

 

J’avais aussi appris à traire les chèvres et j’étais très fière lorsque j’arrivais à remplir ma « seille », genre de bidon utilisé à cet effet que je tenais entre les genoux tout en étant assise sur un tabouret.

Je revois encore la grosse batteuse que l’on installait près des « gerbiers »pour battre le blé. C’était une dure journée pour les « machinaires » qui suivaient la batteuse avec souvent un mouchoir autour du cou pour être protégés des déchets de paille «  les crapiats ».

 

 

Mais tout avait une fin... Comme chaque année, j'avais passé un bon séjour à la campagne et c'est avec regret que je repartais dans la Drôme... avec les mêmes conditions de transport !

Quand j'évoque cette période, je réalise combien la société a évolué et combien j'ai la chance de vivre dans ce monde de progrès où, matériellement tout est plus facile même si psychologiquement tout n'est pas parfait sur notre Terre...

Paulette ALLIER

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