« Chanter les Mai »
À la veille du 1er mai, il n'y a pas si longtemps que les jeunes gens du Haut-Vivarais parcouraient à pied la campagne pour « chanter les Mai » . Ces chants devaient assurer la réussite des récoltes et une heureuse union pour les filles à marier. Mais les filles n'étaient pas autorisées par leurs parents à sortir, la nuit tombée, pour faire partie de l'équipée...
Ils allaient ainsi de ferme en ferme et chantaient à tue-tête, parfois accompagnés d'un clairon, pour réveiller les habitants déjà endormis. Pour les remercier de leur visite impromptue mais en même temps attendue, ceux-ci leur offraient des œufs et une bouteille de vin. Il était de coutume que le plus jeune d'entre eux soit le porteur du grand panier en osier contenant la précieuse marchandise. Une lourde responsabilité car, au fur et à mesure des visites chantées, le panier faisait son poids et il ne fallait rien casser !.. De manière générale, les jeunes gens étaient bien accueillis mais de mauvais coucheurs leur balançaient parfois le contenu de leur pot de chambre sur la tête !
Chaque bande de jeunes avait son territoire et il était plus qu'imprudent de s'aventurer sur le territoire d'une autre bande car, canon après canon, on risquait de s'échauffer quelque peu...
Au petit jour, la voix cassée mais fiers d'avoir renouvelé la tradition, les jeunes gens se rendaient chez l'un d'entre eux pour préparer une énorme omelette partagée entre tous en se donnant rendez-vous pour l'année prochaine et chanter :
Veiquia lo genti meis de mai Voici le gentil mois de mai
Que los galants chanta lo mai Que les galants chantent le mai
Ne'n chantarain un a ma mia J'en chanterai un à ma mie
Ne'n sera contenta et ravia Elle sera contente et ravie
Alain JAMMET