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Publié par Université Populaire du Vivarais

 

Quand arrive l’hiver, que le ciel est gris, que la neige est là, je pense à Lydie ma grand-mère Ardéchoise qui habitait au col de Montreynaud. 

On est à la veille du 19ème siècle. 1895 : sa maman décède, son papa se remarie et sa belle-mère se montre peu affectueuse.

Avec son petit frère Henri, ils vont à l’école de Châteauneuf-de-Vernoux située loin de la ferme.

L’hiver, partir le matin, quand la burle souffle, il faut imaginer la souffrance de ces deux petits enfants sur les chemins enneigés. Il faut traverser les bois, couper par les champs, avancer difficilement et s’enfoncer dans la neige.

Souvent ils sont transis de froid, leurs mains s’engourdissent, leur visage se fige. Ils ont peur.

Parfois, ils s’arrêtent et il est vrai qu’ils n’hésitent pas à boire une gorgée de « gnole » que le papa leur a confiée.

Arrivés à l’école, devant la porte, la maitresse les attend, le poêle est allumé, ils quittent leurs chaussures, ils sortent de leur sac leur cahier, leur maigre repas et le rondin de bois (modeste, contribution à l’École de la République). 

Les dimanches d’hiver aussi toute la famille prend le même chemin pour aller au temple de Châteauneuf-de-Vernoux.

 A Noël, les images deviennent émouvantes ; celles d’une famille au temple, tous assis sur les bancs de bois qui regardent admiratifs l’immense sapin, chantent à pleine voix les cantiques. Suprême récompense ! Lydie et Henri reçoivent la magique orange offerte par le pasteur.

 « Ces oranges…  Ce sont les rois mages qui les ont apportées des pays lointains, là où il fait chaud »  leur disait- il et les enfants le croyaient.

Quelques années plus tard, leur énergie, leur volonté d’aller à l’école de la République par tous les temps furent récompensées : Lydie et Henri obtiendront leur certificat d’études.

 

Ces faits m’ont été transmis par ma mère et chaque jour d’hiver quand la neige apparait, cette part de mon histoire ancrée au fond de ma mémoire revient et me fait revivre dans ce coin d’Ardèche la vie de « ceux d’avant » qui n’était pas facile et pourtant …

 

Françoise ROULET

 

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