Dis-moi dix mots : Un Kfé nommé désir
Le temps était froid et sec, un jour d’hiver tout bête qui n’avait rien de spécial. J’étais à des années-lumière de m’imaginer la tournure des événements à venir, tant ce jour me paraissait ordinaire et déjà vu.
J’avais enclenché le mode hivernage depuis une bonne semaine vu la froidure, couette en duvet d’oie ou quelque chose comme ça, bouillotte, pyjama, robe de chambre à proximité.
Je décidai de m’extraire de ce lieu douillet comme la chrysalide émergente ayant achevé sa métamorphose, percé son cocon devenu inutile, admiré un bref instant ses ailes nouvellement acquises avant de papillonner dare-dare vers sa destinée.
Je m’extirpai tant bien que mal et lambinai jusqu’à la cuisine. Il était tôt, le soleil lui-même qui semblait à la traîne n’avait pas encore décrété l’aurore. C’était donc d’avant-jour que ma nuit s’était achevée.
J’étais à peine arrivé que le tic-tac de la pendule rythmait mon éveil, difficilement, une paupière après l’autre, je m’enquis de l’état de la cafetière puis cherchant à tâtons et trouvant les ingrédients nécessaires, je dosai approximativement la poudre dans le filtre et l’eau dans le réservoir avant de basculer l’interrupteur, sine qua non.
J’observai, regard encore vitreux et alangui, les premiers signes vaporeux ou crachotants de cet appareil bien aimé.
Tous mes sens s’éveillaient peu à peu, les borborygmes laissaient place à un murmure paisible satisfaisant les oreilles les plus délicates.
Jeu futile, j’essayai de battre des cils de manière synchrone avec les dernières gouttes noires qui s’exfiltraient, tombaient puis ondulaient en surface.
L’odeur exhalée me caressait les narines. C’était la promesse d'un réconfort imminent. Celle d’un précieux breuvage me paraissant indispensable à l’émergence d’un jour humble...aussi ordinaire qu’extra et même plus-que-parfait, je le souhaitais alors .
Olivier BARD