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Publié par Université Populaire du Vivarais

Ce n'était pas une voûte de verdure égaillée de pépiements d'oiseaux mais le scanner ressemblait à un entonnoir prêt à vous avaler. Je n'étais pas trop impressionnée car c'était du déjà-vu une dizaine d'années auparavant.

Me voilà affublée d'un casque sur les oreilles. Chic! Comme les jeunes, je vais écouter de la musique.

Mais cette musique imaginée s'est vite transformée en bruit rythmé de marteau–piqueur, s'amplifiant et s'apaisant.
De temps en temps une petite voix lointaine me demandait si tout allait bien, puis m'annonça que l'examen allait se terminer. Durant ce vacarme d'une demi-heure j'arrivais même à me relaxer.

 

Un peu assommée par ce confinement bruyant, mes mouvements pour me rhabiller, avec un cathéter au bras n'étaient pas synchrones, et ce n'était pas le moment de lambiner car il fallait laisser la place à d'autres patients attendant leur tour.

Puis le coup de massue : «madame, nous vous emmenons aux urgences, car nous avons découvert un problème à l'IRM .»

Interdit de rester debout, c'est le protocole ! Je fus conduite par un engin peu ordinaire : un lit à roulettes, dans un couloir, où d'autres lits vinrent s'aligner.

Un jeune homme, guilleret comme moi d'ailleurs, consultait son téléphone, d'autres plus âgés, assoupis, semblaient entrer en hivernage tant ils étaient calmes et immobiles.

Les pas des va-et-vient incessants résonnaient comme un tic-tac dans ce couloir transformé en ruelle par l'importante fréquentation du personnel médical.

 

Puis longtemps après (le temps est indéfini dans cette situation confuse) je fus conduite dans un box en attente d'un médecin.

On m'expliqua que j'allais sans doute dormir à l'hôpital, je n'étais pas prête à rester là, et je souhaitais bien en sortir avant-jour.

 

Le médecin urgentiste arriva enfin et je dus lui expliquer toute la chronologie de mes problèmes, sans omettre des détails anciens, utiles pour le diagnostic. Cela me parut à des années-lumière tant les souvenirs dataient de cinquante ans en arrière.

 

Puis plusieurs sonnettes se mirent à déclamer des bruits stridents, à contre-temps, semblant se répondre et dare-dare les pas se firent pressants d'un box à l'autre.

Le neurologue annoncé ne vint pas, sans doute submergé par les consultations tant le personnel médical est réduit, sacrifié sur l'autel de «l'économie budgétaire».

 

Le diagnostic tomba : hématome sous-dural. « Vous allez sortir, on ne vous opérera pas aujourd'hui » : plaisanterie ou vérité ? J'étais dubitative . Quel manque de psychologie, de tact ! Le personnel pas suffisamment formé sur la relation humaine n'était pas plus-que-parfait.

 

Heureuse de quitter les lieux, je prenais de la distance avec ces réflexions maladroites car le suivi médical mis rapidement en place me rasséréna et les explications de mon médecin traitant dédramatisèrent mon ressenti.

 

Ginette CHEYNEL

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