Tout le monde connaît Salvador DALI…

J’ai trouvé dans les pages Drôme et Ardèche du Dauphiné Libéré en date du 23 mai 2022, un grand article écrit par Amandine Brioude, le concernant.

Voici l’étonnante histoire…

LE JOUR OÙ SALVADOR DALI S’EST FAIT VOLER
SA CADILLAC DEVANT LA MAISON PIC

C’était il y a 54 ans. Dali est, depuis bien longtemps, une icône du mouvement surréaliste. Lorsqu’il traverse la France avec sa Cadillac, l’artiste-peintre aime déjeuner à Valence. Et comme tout le gratin, c’est à la Maison Pic qu’il a pour habitude de s’arrêter.

Ce 23 mai 1968, Jacques Pic, à la tête de la célèbre table valentinoise, deux étoiles à l’époque (elle obtiendra la 3ème en 1973) accueille donc Dali et sa femme Gala, à bras ouverts. Pendant qu’ils se restaurent, le chauffeur du couple attend à l’extérieur. « A un moment, il a dû rentrer pour aller aux toilettes et c’est là que c’est arrivé », conte aujourd’hui la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic, fille de Jacques. Il n’aura fallu que quelques secondes : la Cadillac bleue immatriculée USA 9167 a disparu !

A l’époque, les vols de voiture sont plutôt fréquents à Valence. Mais celui-ci reste hors norme. Car la Cadillac de Dali n’est pas vide.

La lecture des rapports journaliers de la police municipale, conservés aujourd’hui aux archives de la Ville et de l’Agglomération, nous apprend ainsi qu’une plainte a été déposée dans la foulée par l’artiste. Et il y a détaillé tout ce qui lui a été dérobé. « À l’intérieur se trouvaient trois tableaux, des bijoux et du numéraire en dollars, le tout représentant la somme de 120 000 dollars. » En 2022, cela équivaudrait à presque un million de dollars soit 934 000 euros.

« Les auteurs du vol seraient un jeune couple qui circulait a bord d’une voiture Volvo (1967) immatriculée en Angleterre et de couleur jaune Tilleul », note le policier dans son rapport. La Cadillac sera finalement retrouvée quelques minutes après le vol, dans un chemin de terre à Beauvallon. Mais le véhicule a été vidé de son contenu et les voleurs restent introuvables.

« Ma mère m’a toujours raconté cette histoire, explique aujourd’hui Anne-Sophie Pic. Tout le monde était affolé quand c’est arrivé. Ça a secoué mes parents. Ils ont ensuite acheté un garage fermé, que nous avons toujours aujourd’hui. Mais mon père était dans tous ses états. »

Le voyant ainsi, Salvador Dali décide de prendre le chef à part. « Il faut savoir que depuis des années, Dali venait manger avec une mallette et elle ne le quittait jamais, même quand il allait aux toilettes, indique Anne-Sophie Pic. Les gens pensaient à des bijoux par exemple. Pour rassurer mon père, il l’a ouverte devant lui. »

Le Valentinois découvre alors que s’y cachent tous les pinceaux de l’artiste. « Il a dit à mon père : « Regardez, l’essentiel est là ». C’était son outil de travail, c’était ce qu’il y avait de plus précieux à ses yeux », sourit Anne-Sophie Pic.

Le peintre surréaliste n’aura d’ailleurs aucune rancune envers la Maison Pic et y retournera les années suivantes.

UNE AFFAIRE PASSÉE INAPERÇUE JUSQU’EN 2012

Une célébrité de l’envergure de Dali qui se fait voler sa voiture à Valence, voilà qui aurait pu faire les gros titres de la presse locale. Et pourtant, à l’époque, ce fait divers n’a pas été relaté dans les journaux.

Et pour cause ! Les faits se sont déroulés le 23 mai 1968, au beau milieu des conflits sociaux. Et les journaux n’ont pas échappé aux grèves de mai 68. Le Dauphiné Libéré n’est ainsi pas paru pendant trois semaines, du 20 mai au 8 juin. L’hebdomadaire Peuple Libre ou encore Le Valentinois ne sont pas non plus parus cette semaine-là.

Si l’histoire s’est donc transmise à l’oral au sein de la famille Pic, le grand public, lui, n’en savait rien… Jusqu’en 2012. A l’époque, Julien Mathieu, attaché de conservation au patrimoine aux archives de la ville et de l’Agglo, effectue des recherches pour savoir ce qu’il s’est passé en mai 1968 à Valence. C’est en épluchant les rapports journaliers de la police municipale de Valence qu’il découvre ce fait divers. Le document est pour la première fois exposé lors des journées européennes du patrimoine en 2012.

Le service des archives ne conserve pas d’autres éléments concernant ce vol. On ignore aujourd’hui si les voleurs ont été appréhendés et si des suites judiciaires ont été données à l’affaire.

Patricia BRUN

#Morceaux Choisis