Dis-moi dix mots 2022
Dis-mois dix mots, vous vous souvenez de ce concours proposé par le ministère de la culture ? En 2022, on recommence! avec des mots étonnants!
.....sur le thème : Dis-moi dix mots qui (d)étonnent
Pour plus de détails, vous pouvez suivre ce lien : https://dismoidixmots.culture.gouv.fr/presentation-de-l-operation/presentation-de-l-operation
Pour nous inspirer je vous partage ci-après les réalisations de quatre membres de l'UPV.
"Le labyrinthe des mots", création coopérative Marie-Françoise Ferlay et Edith Roche
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"Les volets", texte de Ginette Cheynel
Les volets ...
Durant mes périodes de fatigue, assise confortablement dans mon fauteuil, un panorama particulier s'offre à moi au travers de la baie vitrée.
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Tout d'abord ce grand mur, vestige des ruines
d'un château féodal. Mur imposant, dominateur,
avec sa grande ouverture béante
sur les maisons l'entourant.
Ce mur construit au Xème siècle, à mains d'hommes sans aucune machine pour soulager leur peine. Mais combien de travailleurs médusés ont vu périr leurs camarades sous le tintamarre d'un éboulement de pierres? Nous ne le saurons jamais, les livres d'histoire ne nous l'apprennent pas...Les victoires, les conquêtes, les défaites y sont enregistrées mais pas la peine des gens du peuple. Ce travail titanesque, époustouflant, témoigne de la connaissance de ces bâtisseurs. Dix siècles après le mur a résisté aux intempéries, aux assauts .
Et la façade en pierre de granit avec des nuances de couleur est malgré tout austère , véritable rempart protégeant le château.
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Neuf fenêtres s'alignent sur cette grande façade.
Une plus petite au milieu,
entourée par ses plus grandes sœurs.
Puis au printemps, toute ébaubie, je vois la façade de gauche ouvrir ses yeux le temps d'un week end, en glissant ses paupières de part et d'autre de la fenêtre. Les rideaux apparaissent.
Comme c'est agréable de voir la vie s'afficher sur ce mur triste, fermé dans son mutisme. Eh oui la vie est revenue ! Les touristes arrivent de temps à autre en période de vacances scolaires .
Mais seul le volet de droite du haut s'ouvre timidement en s' entrebâillant sans doute pour apaiser la lumière de la chambre de l'enfant endormi.
Au centre quatre volets blancs symétriques sont très actifs. Les deux du haut se réveillent tard en matinée et s'assoupissent tard en soirée. « Tard couché, levé matin, c'est pas ça qui fait du bien » dit la chanson.
Puis, durant plusieurs heures en journée, la fenêtre reste grande ouverte . Saperlipopette ! En mars il gèle encore, la maison doit être glaciale. Mais c'est bon pour la santé ! Et cela peut contribuer à chasser le virus qui nous colle à la peau depuis plus de deux ans ! Les volets, même en bois, n'ont pas réussi à l'arrêter !
Alors à quoi servent-ils ?...
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Leur rôle est plus important qu'on ne le pense. Ils protègent de la vue, de la pluie ,du vent, du soleil, du froid aussi...
A l'étage inférieur, le volet blanc va et vient, laissant entrevoir une ombre chinoise se déplaçant sur un théâtre de marionnettes. Un œil formé par la lampe apparaît à la tombée de la nuit sur le coin de la fenêtre. Celui de gauche est immobile, toujours fermé, la façade semble cligner de l’œil.
Les trois volets, marron foncé, de la façade de droite, sont toujours ouverts. Rien à cacher dans cette maison ! Mais le soir un œil inquisiteur éclaire la fenêtre par une puissante lumière.
Lorsque je me promène dans le haut du village, une dame, toujours, avec son ironie farceuse, me divulgâche la vie des habitants du coin.
Elle n'est pas médisante, mais j'aime découvrir les gens avec ma sensibilité, sans m'imposer un ressenti, un a priori.
Chaque fois que je rentre de balade je termine ma marche dans les ruelles étroites du vieux village. Je pense aux anciens et me sens décalée par rapport à la vie de ces serfs soumis, vivant autrefois dans ce lieu. Fourbus, pas de repos, pas de loisir pour eux. ! Il fallait satisfaire le seigneur par un dur labeur.
Puis au détour de la ruelle, pince- moi ! Charlotte !... Elle sort de sa maison troglodyte aux murs de pierres humides pour se réchauffer au soleil. Il y a plus de vingt ans nous avons partagé notre chambre au centre hospitalier, chacune avec nos chirurgies .
Elle m'accompagne un moment et nous évoquons les souvenirs de ce séjour.
Mais tout à coup surgissent deux chiens, pas prêts à se réconcilier. Le plus gros part en poussant des kaïs kaïs aigus, mordu par les dents acérées du plus petit, très nerveux.
Arrivées sur la grand route qui faisait fonction de fossé autour du château, nous nous séparons en nous promettant de bientôt nous revoir.
Il gèle, le soleil est radieux et je m'empresse d'aller ouvrir les volets des chambres pour faire pénétrer ses rayons bienfaiteurs et gagner un peu de chaleur dans la maison.
Ginette CHEYNEL
"Un mauvais rêve", texte de Paulette Rostaind
Je suis dans une salle de classe entourée d'une vingtaine d'élèves.
Des voix qui m'arrivent de loin se font écho.
Saperlipopette, que c'est compliqué les mathématiques!(C'est ce que je pense). Aujourd'hui nous allons apprendre le théorème de Pythagore..gore … gore... c'était un mathématicien de la Grèce antique qui inventa une formule...mule...mule... pour calculer les dimensions d'un triangle rectangle ...angle...angle... qu'il vous faudra savoir par cœur...coeur... cœur... pour la semaine prochaine ...aine...aine...
Médusée, j'écoute le prof qui, dans un flou brouillardeux, tente de divulgâcher la formule du théorème.
Toute la classe est studieuse, le tintamarre habituel d'avant les cours s'est soudain tu et il règne comme un suspense, on attend la suite comme dans un feuilleton policier, le coupable est presque démasqué !
Nonchalant, le prof debout devant le lointain tableau promène lentement une longue règle plate autour d'un triangle marqué de trois points A B C.
Il prononce des mots nouveaux, barbares, que je ne comprends pas , Pythagore ...gore...gore... hypoténuse ...nuse ...nuse...
Toute ébaubie, je sors de ma torpeur et pose la question à mon voisin.
Qu'est ce qu'il nous veut Pythagore ? et Hypoténuse c'est quand qu'elle vient nous voir ? Pince moi si je dis une bêtise, mais j'ai pas tout compris !
C'est époustouflant et je crains que le maître nous propose une expérience pratique. Je n'ai pas envie d'aller au tableau me faire ridiculiser devant toute la classe.
Je me ratatine sur ma chaise, me cache derrière une grande aux énormes couettes attachées d'un beau ruban rouge, bien à l'abri.
On ne me voit plus ! Intouchable !
C'est précisément à ce moment que j'entends comme un glapissement, un rire étouffé , kai...kai...kai, mon voisin ne se gène pas pour me farcer, je me réveille et, ébaubie, je constate que je suis complètement décalée par rapport à la réalité.
Je sors de mon lit , m'étire et frotte mon visage pour chasser ce mauvais rêve. Je m'aperçois amèrement que je ne sais toujours pas ce terrible théorème. De ce pas je vais l'apprendre par cœur, quelle belle journée en perspective !
Monsieur Pythagore vous n'aviez pas pensé,- j'en suis certaine,- que vous feriez faire des cauchemars aux chérubins du monde entier et, pis encore , que votre terrible formule serait utilisée près de deux mille cinq cent ans après votre mort , dans la conception des GPS modernes qui nous guident dans nos trajets.
Bravo monsieur Pythagore !
Paulette ROSTAIND